Sélectionner une page
  • ANITA VOLOIR : MAGNETIQUE

    Enthousiaste, passionnée, aventurière, incisive, une peinture qui irradie

    Après une formation aux arts plastiques simultanément à treize années de photographie en médecine vasculaire, Anita Voloir, originaire de Lille, s’installe en Normandie en 1988. Et, depuis plus de trente ans qu’elle peint, elle accorde toujours la même importance à l’œil, parfois avec frénésie parfois avec cette poésie des mots qu’il suscite et qu’elle traduit sur ses toiles.

    « L’œil est le plus important. Tout n’a pas été dit de cette beauté fragile dont les pouvoirs et les énigmes nous accompagnent le jour et nous entraînent la nuit. Cet œil qui conçoit si bien la courbe, le carré et souvent les travers. Cet œil qui guide mes observations, convoque mon intuition et appelle la spontanéité de mon geste pour me permettre d’essayer de rejoindre l’indicible et de tendre vers l’inédit ».

    Audacieuse, Anita Voloir, tout en reconnaissant l’apport de ses pairs, actuels ou passés, ne cache pas son désir de s’affranchir des tendances et des modes, d’un conformisme de confort ambiant. Son attirance se porte sur l’inédit qui fascine, celui qui suscite le « comment vous faites » qui demeure sans autre réponse qu’un  « Regardez, habitez, traversez la toile »…

    D’un appétit créatif, souvent insatiable jusqu’à en exploiter son sommeil paradoxal, l’artiste est d’une grande impétuosité dans le trait, sans restriction, enlevant, ajoutant jusqu’à un accord avec sa toile, parfois dualiste entre conviction et interrogation mais à la regarder travailler, avec une grande affection.

    C’est le cas de ses pastels qui laissent respirer le papier pour célébrer des moments sans entrave. « C’est un rapport tactile avec un corps vivant dont je ne sais comment il va réagir ou ce qu’il va me permettre de découvrir et j’aime de ma paume et de mes doigts être en osmose avec sa texture ». Quant à ses acryliques, ce sont presque des «terrains d’expériences » que, sans plus de précision, Anita Voloir, nous laisse à en partager l’intensité et les élans qui les habitent. Et de nous entraîner par exemple dans les mystères des heures de fin de jour. Un univers comme un refuge d’où peuvent émerger une foule bigarrée ou de frêles lilliputiens, avant que ne tombe une nuit évanescente.

    Ce sont ainsi autant d’évasions picturales « mes fenêtres ouvertes », figuratives ou abstraites, pour le moins évoquées auxquelles la peintre nous convie dans des flous sobrement marbrés ou de moires aux reflets chatoyants qui nous laissent libre dans notre perception.

    Dès  lors, on comprend sa réponse-éclair à notre quête d’en savoir plus sur ses techniques : « Mais pourquoi s’enfermer dans des mots alors qu’il s’agit de vie, de sensations, d’émotions extrêmes, d’expérience intérieure et en même temps d’une sincère tendresse et générosité… Les mots ne sont plus que bavardage. C’est si simple, entrez et laissez-vous porter dans le sirop de ma vie », conclue-t-elle en un sourire.

    (Propos recueillis par Michel Duchemin, écrivain biographe)